Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Moi Christophe F. et l'enfer du jeu

abstinence-ed

............
[15.05.2016]

Visiteurs
Depuis la création 368
Lectures sur le jeu pathologique
13 mai 2016

Une journée charnière

psy

Mercredi 11 mai 2016

Je me réveille, comme chaque jour, déprimé et angoissé. Je vais sur mon balcon, je fume, je fume, cigarettes sur cigarettes. Il faudra d'ailleurs que je règle également ce problème. Depuis le coup de fil, je pense que j'en suis à 3 paquets par jour. Mais ce n'est pas tellement ma préoccupation en ce moment. Assis sur une chaise de mon balcon, je bois des cafés, je fume et je pleure.

Il est 6 heures 30 du matin et j'ai rendez vous aujourd'hui chez mon psychiatre.

C'est le deuxième rendez-vous chez lui. Je l'ai vu pour la première fois le lendemain du coup de téléphone. Je lui avais alors raconté en détail mon problème de jeu et le détournement d'argent et bien entendu, le fait que, la veille, mon employeur de l'époque était sur le point de découvrir mes méfaits. Cette séance ne m'a pas particulièrement été bénéfique, mais j'avais de toute façon besoin d'un certificat médical pour mon employeur actuel. Dans l'état psychologique dans lequel je me trouvais à cet instant, il ne m'était bien entendu impossible d'assumer mes obligations professionnelles. Ce médecin m'avait été conseillé, plus d'un an auparavant, par l'amie d'un de mes amis, Christiane. C'était à un moment où je m'étais retrouvé dans un hôpital pour cause de dépression. Dépression due à de grosses pertes au jeu, bien entendu. Je reviendrai peut-être plus tard sur cet événement, je ne sais pas, mais il fait partie de mon Histoire également avec le jeu. Il y a tant de choses à écrire, tant d'épisodes malheureux, que je me rends compte que je pourrais écrire des milliers de pages que je n'en aurais pas dit la moitié. Pour en revenir à ce premier rendez-vous, je me souviens que je me suis dit : "bon, il est comme tous les médecins que j'ai vu auparavant qui n'ont de toute façon jamais rien pu faire pour moi". La seule différence c'est que lui, n'a pas passé la moitié de la séance à me parler des anti-dépresseurs qu'il allait me faire ingurgiter. A la fin de la première séance, il m'a juste donné mon certificat médical et m'a fait promettre que je ne tenterai rien contre ma vie. Il m'a écrit des téléphones d'urgence sur une feuille de papier et c'est tout. C'est tout ce que je retiens de cette séance.

A 8 heures, je me rends donc chez mon médecin pour la deuxième séance. Je prends avec moi la lettre que j'ai écrite au restaurant et que vous avez ou pouvez lire dans le post précédent.

Lorsque je m'assieds, il me demande si ça va et me lance les banalités d'usage.

Je lui dis que la semaine avait été très intense. Je lui tends la lettre (voir post précédent) et lui propose de lire le contenu de la lettre écrite au restaurant car elle en disait bien plus que ce que je pourrais bien lui exposer à ce moment précis. Il prend la lettre et me dit.

- "Non. Je ne vais pas lire votre lettre. Par contre j'aimerais bien que vous me la lisiez"

J'acquisce et je débute la lecture, à haute voix.

Lire cette lettre, à haute voix, a été très difficile. La lecture a été très difficile. Dès le début du texte, je me suis rendu compte qu'écrire ce que l'on ressent est une chose, mais lire a haute voix m'a fait encore plus comprendre la réalité et les conséquences du jeu et de mes actes. Dès que j'ai lu le passage sur mon fils décédé et bien là, impossible de continuer. Je pleurais et plus aucun mot ne sortait de ma bouche. Il m'a tendu gentiments des kleenex et m'a dit de stopper. Je ne sais plus combien de temps cela a duré mais après m'être vidé de bien quelques larmes j'ai pu continuer la lecture. Les autres passages sur lesquels j'ai dû également taper dans la boîte de kleenex étaient ceux où je parle de ma maman, de ma femme et de mon fils T., autiste.

Tant bien que mal, après 45 minutes de supplice, de pleurs et de honte, je suis arrivé à la fin de la lecture. J'ai relevé la tête, regardé dans les yeux mon médecin. Il m'a regardé et m'a souri. je me souviens de sa première réaction et de ce qu'il m'a dit. Son premier mot a été :

-"wouah !"

C'était un "wouah" sorti du coeur. Cette réaction a été instinctive, non pas du médecin à son patient, mais d'homme à homme. Ce simple "wouah", sorti de sa bouche et de son coeur, m'a fait comprendre que ce sera désormais mon médecin, mais aussi un de mes partenaire.Ca sera lui et personne d'autre. 1 an et demi auparavant, Christiane, me donnait l'adresse de ce cabinet.

La séance était à son terme et à la fin, il me demande, comme à la première séance s'il y a toujours un risque que j'attente à ma vie. Il me le demande sur un ton moins soucieux que lors du premier rendez-vous.

Je luis dis :

- "Vous savez, hier j'ai vu ma maman et lui ai raconté toute l'histoire. Je lui ai parlé également de mes envies suicidaires et elle m'a dit que jamais je ne le ferai"

Il répond :

- "Votre maman n'était pas là il y a une semaine. Moi je pense que vous auriez pu le faire"

La séance se termine comme ça. Je lui demande comment ça se passe par rapport à mon emploi actuel. Je lui demande s'il pense que c'est bien que je recommence gentiment le travail, même si je n'en ai pas envie. Il me répond :

- "Non ça ce n'est pas possible." sur un ton ferme et décidé.

Malgré cette séance très intense et très profitable pour moi, le reste de la matinée a été très dur. J'étais très angoissé et complètement déprimé. J'ai pris ma voiture et commencé à rouler sans destination précise. J'ai roulé, pleuré, pensé. Je n'ai fait que ça durant des heures.

L'après-midi mon employeur actuel m'appelle. Ils ont reçu le premier certificat médical. Ils veulent connaître la cause de mon arrêt maladie et me demande si la date de mon retour est connue. Je lui réponds que je ne savais pas, que j'étais très mal. Il a insisté pour en savoir plus et la conversation téléphonique devenait de plus en plus désagréable car je sentais à l'autre bout du fil qu'il avait l'idée que j'étais un employé de plus qui avait réussi à obtenir un certificat médical pour une cause injustifiée. Je sais qu'il le pensait parce que je m'occupe également des ressources humaines au sein de mon entreprise et il y avait une employée qui était hospitalisée pour des raisons psychiatriques. Mon responsable, à chaque envoi, me disait qu'elle simulait sa maladie. Je lui répondais toujours que je ne pensais pas qu'une employée hospitalisée était le profil du simulateur. Mais il ne m'écoutait pas. A chaque certificat médical, la même rengaine. Ca en devenait très agaçant. Mais c'était le Directeur et comme tout le monde le sait, quand le Directeur dit, Dieu le dit.

La conversation s'est terminée assez sèchement. Je lui ai dit qu'il ne fallait pas compter sur moi pour le moment et qu'il fallait qu'il trouve une solution. Dans mon travail, j'ai toujours dû trouver des solutions et me débrouiller tout seul. Je lui ai simplement dit que pour une fois, j'aimerais qu'il se dém..... et que si je comprenais bien que mon absence  posait des soucis organisationnels et bien moi, mes soucis étaient bien plus importants que les siens. Il est clair qu'à l'heure actuelle, mon employeur actuel ne connait rien de mes actes. S'il l'apprend, je risque le licenciement immédiat. Mais pour l'instant, cela ne me préoccupe nullement. Je suis en ce moment un malade qui essaie de se sauver. Si un jour je me rétablis et si les circonstances le permettent je retournerai à mes occupations. Mais le souci, c'est que ça fait 4 ans que je hais le métier que j'exerce et je ne sais rien faire d'autre que de réorganiser des services comptables et de construire de magnifiques fichiers excel contenant toute une panoblie de fonctions avancées.

Je suis tout de même soulagé car j'ai pu régler momentanément ce petit souci avec mon employeur actuel qui, je le répète, n'est pas la victime d'un détournement de ma part.

Ma préocupation du moment est d'écrire à mes deux frères pour leur avouer ce que j'ai fait, mais surtout qu'ils comprennent qui je suis. Un joueur compulsif et pathologique qui est incapable de se contrôler et qui a détruit sa famille et qui, par désespoir, n'a vu d'autre choix que de commettre un acte délicteux pour se sortir de la m.... dans laquelle je m'étais fourré à l'époque. J'écris à mes deux frères courant de l'après-midi. Vers 17 heures je me rends à une boîte au lettre. J'hésite à lâcher mes deux enveloppes dans cette boîte postale Je sais que dès le moment où cette boîte avalera mes écrits, je ne pourrai revenir en arrière, ils sauront tout.

Les deux enveloppes disparaissent au fond de la boîte à lettres.

Je ne vais pas publier cette lettre pour l'instant. Mais je leur ai envoyé toute la lettre déjà publiée sur sur ce blogue et écrit des choses plus personnelles, En gros, je leur ai dit que je les aimais, que je n'attendais rien d'eux. Je leur ai dit que je voulais juste qu'ils sachent qui je suis et ce que j'avais fait. Je leur ai parlé aussi de notre très bonne relation lorsque nous étions enfants.

Je ne sais pas comment ils vont réagir.

J'ai écrit égaelement à un des amis entre-temps. Il m'a répondu, il m'a téléphoné. Sa réponse a été une des plus belles choses qui me soit arrivé dans ma Vie. C'est le genre de réponse à laquelle on ne s'attend pas. C'est la réponse de mon Ami, C.J'ai pleuré lorsque j'ai lu son mail. Je l'ai montré à ma femme et, elle aussi, elle s'est mise à pleurer. Voici sa réponse :

Christophe, mon Ami,

Je suis sous le choc, non pas pour les erreurs que tu as commises, mais
parce ce que je ne me suis
pas rendu compte à quel point tu étais malade.

Mon rôle n'est pas de te juger, d'ailleurs personne ne peut le faire car
personne ne peut comprendre
cette maladie si la personne n'est pas passée par là.

Mon rôle est de te soutenir, de t'écouter, de t'aider car je suis persuadé
que tu en ferais de même pour moi.

J'ai mal, je pleure pour toi aujourd'hui car tu as le sentiment que tout
s'effondre autour de toi. JE SUIS LA, les
personnes qui t'aiment sont là. Tu as fait un pas très important dans la
bonne direction car tu as reconnu tes
erreurs.

La vie n'a pas toujours été facile pour toi et je suis persuadé que tu as
toujours fait ce que tu pensais être
le mieux pour toi et ta famille. On fait tous des erreurs.

Je suis fier de compter parmi tes amis et je serai toujours là pour toi.
Saches que tu as toujours été un
modèle pour moi, une sorte de grand frère, et tu le resteras toujours.

Ne fais pas de connerie, J'AI BESOIN DE TOI....

Ton ami pour toujours.

Je relis à l'instant et pour la x ième fois sa réponse et je ne peux m'empêcher de pleurer. Sa réponse est tout simplement magnifique.Il n'y a rien d'autre à ajouter, il suffit de la lire.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Moi Christophe F. et l'enfer du jeu
Publicité
Mon Histoire

gameover

"J'ai détourné de l'argent à cause de mon addiction aux jeux d'argent.
Je vous raconte l'Histoire de ma nouvelle Vie, entre souffrances, guérison et je l'espère bonheurs futurs."

Par mon expérience et mes recherches, j'aimerais tout simplement aider ceux qui, comme moi, sont atteints par cette maladie.
 
 
Archives
Publicité